Le plus célébre blandynois du règne de Louis XIV – 1625-1686
Daniel GITTARD naît à Blandy dans une florissante famille de menuisiers et charpentiers. La fortune de plusieurs de ses membres les conduira à demeurer sur Melun et Paris ; mais au 17ème et 18ème siècle, la famille possède durablement deux maisons et jardins de la Grande Rue.
Le père de Daniel, Jean GITTARD, est maître charpentier et son frère Pierre poursuivra le métier familial. Quant à lui, en devenant notamment le collaborateur de l’architecte Le Vau, son parcours professionnel lui vaut des fonctions enviées d’ingénieur et architecte des bâtiments du Roi, puis membre de l’Académie d’architecture lors de sa fondation par Colbert. Il demeurera une grande partie de sa vie à Paris en l’occurrence rue des Saints Pères. Ceci ne l’empêche pas de placer une bonne partie de son épargne dans sa »maison de campagne » de Blandy et dans des terres alentours.
De fait, ses revenus professionnels ne sont pas minces. Au point que son devis global présenté à Fouquet pour la réalisation de la charpente et de la plomberie du château de Vaux-le-Vicomte sera refusé comme trop élevé. Ceci fera le bonheur de son frère Pierre qui emportera le marché plus limité de la fourniture de la charpente dudit château. Par ailleurs, Fouquet confie à Daniel GITTARD, un marché qui suscitera bien des polémiques, à savoir le renforcement des fortifications de Belle-Île dont il est propriétaire. Le surintendant sera accusé d’avoir tenté d’y créer une base navale indépendante du Royaume, l’une des causes avancées pour justifier son emprisonnement à vie.
Mais la carrière d’architecture de Daniel est ponctuée de réalisations autrement moins contestées. C’est notamment la participation à la construction de l’église Saint Sulpice à Paris. Autre exemple, et on ne saurait dire si c’est une retombée du soutien assuré durant les guerres de religion et la Fronde au clan des Condé-Montmorency par la famille des Rothelin, les seigneurs de Blandy (cf. note relative à la marquise de Rothelin, et le refuge blandynois des protestants), le même Daniel GITTARD devient l’architecte apprécié du turbulent cousin de Louis XIV, le prince de Condé (troisième du titre) dit le Grand Condé. Pour mémoire, le grand-père de celui-ci, Henri Ier de Bourbon, prince de Condé, avait été à la tête du parti protestant et avait épousé sa première femme, Marie de Clèves, en l’église de Blandy. Ainsi le Grand Condé confiera à Daniel la restauration de son château de Saint-Maur et l’édification de la terrasse du château de Chantilly. Deux réalisations qui connaîtront une notoriété enviée.
Daniel GITTARD, toujours lui, participera à la restauration des voûtes de l’église Saint-Aspais à Melun, et cela généreusement puisqu’il est nous est rapporté avoir délibérément baissé ses tarifs. Un geste qui s’explique par sa proximité avec d’importants paroissiens de Saint-Aspais, à savoir la famille d’avocats et de magistrats melunais, en partie parisiens, les Guérin. Ainsi sa fille, Catherine GITTARD, se mariera avec Ambroise Charles Guérin en 1694, bâtonnier des avocats au Parlement de Paris. La fille de ce couple Marie Catherine Guérin ne fait pas un mariage anodin en épousant François Antoine un officier royal de porte-arquebuses, plus que connu pour avoir tué »la Bête du Gévaudan ». Et la fille de Marie Catherine, donc petite fille de Catherine GITTARD, Marie Cécile Antoine, épousera Géraud Boudet, avocat au Parlement de Paris, l’un des propriétaires fonciers marquants de Blandy au 18ème siècle. (cf tableau des ascendances Guérin et Boudet, propriétaires notamment autour de la place du Colombier).