L’ancienne demeure d’un important magistrat
Cette habitation du 16 place des Tours recèle un historique que ne laisse pas soupçonner sa reconstruction après le bombardement allemand, subi par Blandy et plusieurs communes voisines dans la nuit du 24 août 1944.
De vignerons à magistrat
Au XVIIIème siècle, elle est la propriété de vignerons. Ainsi le plan terrier de 1744 mentionne-t-il Maurice Thiebault comme propriétaire de l’habitation principale et aussi de bâtiments agricoles ouvrant sur la rue de la Fontaine.
Vers 1820, « cette maison de campagne donnant sur la place publique en face du château fort » devient une résidence attractive. Elle est acquise par un jeune avocat parisien, Alphonse Honoré Taillandier (1797 – 1867). Nommé conseiller à la Cour de Cassation en 1830, la plus haute juridiction du pays, celui-ci va devenir un magistrat renommé. Il sera aussi député.
S’il demeure principalement à Paris rue de l’Université, à deux pas du Palais Bourbon, il séjourne fréquemment à Blandy. Passionné d’histoire, il sera d’ailleurs l’auteur d’un des rares ouvrages consacrés à l’histoire de Blandy, publié en 1854.
Une résidence qui en impose
La maison principale n’était pas sans attrait avec son ample rez-de-chaussée, sa salle à manger, un grand et un petit salon, son entresol et trois étages disposant d’une bonne dizaine de chambres. Outre la cave et les communs (cellier, remises, écurie, volière), le terrain d’un hectare et demi, était aménagé avec un jardin anglais, des potagers, une orangerie, une serre, un parc avec de grands arbres et quatre puits.
L’inventaire notarial mentionne également un bassin, lequel vaudra quelques démêlées avec la commune, lorsqu’en 1858 la réparation des canalisations l’alimentant a pour effet l’été de tarir l’eau du lavoir du village.
Après le décès de Taillandier, la propriété est achetée en 1880 par un notaire parisien Henri Augustin Galpin. Quelques années plus tard, Louis Jules Tillier, négociant en vins, et Eléonore Joséphine Duparquet, en deviennent les propriétaires.
Leur fille Louise Joséphine en hérite. Veuve de Georges Émile Tuot, officier issu d’une famille de cultivateurs, elle vend la propriété en 1938 pour s’installer dans une habitation plus petite, rue du Verneau. Décédée en 1964, « Madame Tuot » est restée l’une des figures marquantes du village.