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Des Blandynois à l’honneur

La Légion d’Honneur, une décoration prisé

Quatorze personnalités décorées de la Légion d’Honneur illustrent une part de l’héritage mémoriel laissé par les générations blandynoises qui nous ont précédés. Bien que partiel, car le Registre officiel accessible au public se limite à la période de 1804 à 1977, ce panorama mérite, à l’évidence, un premier aperçu et de futurs compléments.

Jean-Baptiste JOZON 1784 – 1859

Le premier Blandynois de naissance ainsi décoré est Jean-Baptiste JOZON, né le 31 décembre 1784. Avec la Ferme du château, son père qui porte le même nom de Jean-Baptiste JOZON est l’un des principaux « laboureurs » de la commune dont il a été maire. Sa mère est Louise Thérèse Charlotte HEURTOIS, la première épouse de son père. 

Jean-Baptiste, le fils se marie avec Marie Clarice CHARRIERE en 1825, avec l’autorisation du Ministère de la Guerre. Il a en effet intégré l’armée dans la Garde nationale de la Seine-et-Marne « appelée à la défense des côtes », en obtenant en 1809 le grade de capitaine. Puis il rejoint le 135e Régiment d’Infanterie de ligne (régiment formé à Paris et intégré au 5e Corps de la Grande Armée) de 1812 à 1815, ce qui le conduit à participer à plusieurs campagnes, en Brabant, en Allemagne (où il est blessé en Silésie en août 1813), puis à la campagne de France.

En 1815 il retourne à la Garde nationale de Seine-et-Marne. « Capitaine commandant » affecté dans la Drôme, il finit sa carrière militaire au 56e Régiment d’Infanterie, le1er mai 1831 après au total 19 ans de service et 5 ans de campagne.

En quittant définitivement l’armée, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur le 21 mars 1831.Et durant sa retraite, il est élevé au rang d’officier de la Légion d’Honneur en septembre 1842. Il décède le 3 février 1859 à 74 ans.

Laurent SCHOBERT 1763-1846

Le Baron Laurent Schobert, un brillant passé militaire

Le Baron Laurent SCHOBERT est le premier de nos notables à recevoir la Légion d’Honneur. Il est né le 30 avril 1763 à Sarrelouis, alors en Moselle (aujourd’hui en Allemagne) et s’est engagé dans l’armée royale comme enfant de troupe le 1er février 1779, donc avant la Révolution ce qui ne l’empêche pas de traverser ces périodes troublées jusqu’à l’Empire. Il participe aux grandes campagnes napoléoniennes. Il est blessé à plusieurs reprises et accède au grade de général de brigade le 30 avril 1811.

Au retour des Bourbon, il est mis en « non-activité » en 1815, et admis à la retraite le 1er janvier 1816.

Il reçoit la Légion d’Honneur alors qu’il est major au 4e Régiment de ligne, le 5 germinal An XII (soit le 26 mars 1804) ; une décision qui lui est notifiée par le maire de Blandy à cette date, Jean-Baptiste JOZON.

Il est donc parmi les premiers à recevoir cette distinction nouvellement créée. Il ajoute le ruban rouge et la croix de la Légion d’Honneur à ses armoiries après avoir été nommé baron en 1809. Il est également fait chevalier de la « Couronne de fer », ordre honorifique fondé en Italie par Napoléon Ier agissant en tant que roi d’Italie de 1805 à 1814. Traversant les régimes, il est fait « commandeur de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur » le 1er novembre 1819, après avoir été fait chevalier de l’Ordre de Saint-Louis en 1814.

Après avoir servi l’Ancien Régime, la Révolution, le Directoire, l’Empire, la Première Restauration, les « Cent jours » (mieux que Fouché, mais lui sans trahir et avec une maigre retraite dont il se plaindra !), le général Schobert aura reçu les honneurs de ces périodes et de ces différents régimes. Il meurt à Paris le 30 avril 1846, mais il est inhumé à Blandy aux côtés de son épouse.

Son portrait le montre arborant ses décorations, la Légion d’Honneur à côté de la croix de Saint Louis.

Pierre-Charles TUOT 1812 – 1894

Pierre Charles Tuot, commandant et maire

 

« Dans la famille Tuot, je demande… », en premier, Pierre-Charles TUOT.

Le fils de Charles TUOT, lui-même ancien militaire, et de Marie Guinot, est né le 22 août 1812 à Blandy. Il reçoit la Légion d’Honneur assez tardivement par décret du 19 septembre 1860 en sa qualité de major au 13e Régiment d’Infanterie de ligne. Le « 13e RI », qui sera dissous en 1914, basé à Nevers, est l’une des plus anciennes unités militaires, créée sous la Révolution à partir du Régiment du Bourbonnais et dont l’origine remonterait au XVIème siècle.

Ses mandats de maire en 1877, puis de 1882 à 1888 vont occuper son retour à la vie civile et « le Commandant Tuot » meurt le 29 mars 1894 à Blandy dans sa maison de la rue Courte-Soupe. 

Georges TUOT 1860 – 1907

 

Le deuxième décoré de cette famille est le petit-neveu de Pierre Charles TUOT, le capitaine Georges TUOT. 

Né à Blandy le 29 novembre 1860, époux de Louise TILLIER (la « capitaine Georges » pour les Blandynois, la « tante Georges » pour sa famille), Georges intègre l’École spéciale de Saint-Cyr en 1879. Mais après plusieurs affectations (dont le 115e Régiment d’Infanterie, en garnison à Mamers où naitront ses jumeaux disparus en bas âge), il est obligé de prendre sa retraite en novembre 1906 suite à une grave maladie pulmonaire contractée lors de manœuvre dans les Alpes du sud. Il s’éteint le 22 avril 1910 à Blandy, dans sa maison de la place des Tours (l’actuel n°16), après de longs mois de soins notamment à Cannes.

C’est d’ailleurs dans le Midi qu’il accuse réception de sa décoration, promu chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 12 juin 1907, donc après avoir dû se retirer de l’armée.

Plaque dans la chapelle Tuot au cimetière de Blandy

 

Jean-Baptiste MARIOTTE 1844 – 1911

Jean-Baptiste MARIOTTE est blandynois d’adoption puisqu’il est né le 2 juillet 1844 à Mussy, dans l’Aube de Nicolas Michel Mariotte et Madeleine Maillet.

 Il est maréchal des logis dans la gendarmerie et est en poste dans plusieurs garnisons, dont en Seine-et-Marne à Coulommiers et à Rebais. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1893, deux ans après avoir quitté l’armée.

Citation en l’honneur de Jean- Baptiste Mariotte parue au Journal Officiel de 1890

 

Il se retire alors à Blandy, habite place des Tours avec son épouse Marie-Adèle Barbier et ses trois enfants, et exerce la profession de « receveur-buraliste ». Pendant une dizaine d’années, de 1896 à 1906, il assure également la gestion du bureau téléphonique et de l’annexe postale tant attendus par la commune.

Il décède le 3 novembre 1911 à Blandy. 

Marie-Charles-Auguste LAPSOLU 1862 – 1947

Marie-Charles-Auguste LAPSOLU est blandynois d’adoption puisqu’il est né le 8 avril 1862 à Paris où ses parents sont bijoutiers. Il est également cousin des peintres Delahogue.

Il s’engage dans l’armée à 18 ans. Lieutenant de l‘Etat-major de l’Artillerie des Places et Forts de Paris au 62e Régiment, il est réintégré pendant la période de la guerre (Journal Officiel de mars 1916) et sert jusqu’en juillet 1918 avec le grade de capitaine. Titulaire de la Croix de Guerre, recevant plusieurs citations, il est qualifié comme « un officier d’une énergie et d’un dévouement remarquables. A su maintenir l’ordre et le calme dans son échelon plusieurs fois, pris sous le feu de pièces de gros calibres, et a assuré pendant la bataille de l’Aisne le ravitaillement du groupe, dirigeant lui-même les convois lorsque les bombardements en menaçaient la marche ».

Après 40 ans et 6 mois de services militaires, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 14 juillet 1921. Résidant le plus souvent à Blandy dans une maison située à gauche de la mairie. Il décède à Paris en 1947. 

Marie Charles Auguste Lapsolu à sa fenêtre place des Tours

 

Charles DERIGNY 1865 – 1917

Charles DERIGNY, né le 10 avril 1865 à Blandy. Son père Eugène est cultivateur à la ferme de Chaunoy marié avec Élise Joséphine ROYER. Ancien élève de l’École Polytechnique et de l’École d’application du Génie, Charles est capitaine d’artillerie. Alors en garnison à Châlons-sur-Marne, il reçoit la Légion d’Honneur en 1909.

 Il se retire à Blandy avec son épouse Jeanne DUPRÉ, à la maison des Quatre Tilleuls. Il meurt à l’hôpital militaire du Val-de-Grace le15 août 1917.

Sur cette photo prise en 1914 pour le 50ème anniversaire du mariage de ses parents, on peut le voir au centre, en uniforme, aux côtés du curé de Blandy.

Lors de l’anniversaire de mariage de ses parents en 1914

 

Henri DURIOT 1882 – 1967

Henri DURIOT, né le 6 mai 1882, est issu d’une des plus anciennes familles de Blandy. Son père Désiré est un manouvrier âgé de 42 ans à sa naissance et sa mère s’appelle Augustine ROBBÉ. Il fait son service de 1903 à 1905, devient peintre en bâtiment et épouse Adèle HAPPEY en 1906.

Le 1er août 1914, il est rappelé à la mobilisation générale. Soldat au 31e Régiment d’Infanterie, il est très grièvement blessé en septembre 1915 et doit être amputé du bras droit, en plus d’autres lourdes séquelles. Il touchera en compensation une pension de 750 francs à effet du 26 novembre 1915 (décret du 9 novembre 1916 – JO du 15 nov. 1916).  Invalide à 100%, il reçoit la Croix de Guerre avec palme et la Médaille militaire et est décoré de la Légion d’Honneur. Il peut se reconvertir comme employé de bureau aux Assurances Mutuelles de Seine-et-Marne et habite Melun. Il y décède le 26 décembre 1967.

Extrait de la fiche militaire de Henri Duriot

 

Lucien VERNIER 1883 – 1957

Lucien Henri Charles VERNIER, bien que n’étant pas de la région, mérite aussi d’être cité parmi les habitants de Blandy où il avait acquis une plaisante résidence rue Saint-Martin. Né en 1883 à Fumay dans les Ardennes, il est le fils de Jules Vernier conducteur des Ponts et Chaussées et de Louise Namèche. Il effectue une brillante carrière d’officier de la Garde républicaine dont il deviendra lieutenant en 1916 et porte-étendard.

Son parcours militaire lui vaut d’être chevalier en 1920, puis officier de la Légion d’Honneur en 1939 alors chef d’escadron de la Garde républicaine mobile (JO du 27 février 1939). Il s’illustre à Blandy au sein d’un réseau de Résistance qui assure notamment l’évacuation d’aviateurs alliés dont les avions se sont écrasés dans la région.

Décédé en 1957, il repose au cimetière de Blandy aux côtés de son épouse Louise Ravion.

Fiche militaire de Lucien Vernier

 

Charles JOUIN 1889 – 1979

Charles Jouin devant sa maison de la Grande Rue

 

Charles JOUIN mérite également de figurer aux côtés des Blandynois honorés et plus particulièrement de celui que nous venons d‘évoquer. Né à Mamers le 11 août 1889 d’un père saint-cyrien (promotion « les Zoulous »), sa carrière est parallèle à celle de Lucien VERNIER qu’il rencontre durant la Première Guerre Mondiale quand celui-ci est cuirassier avant son entrée dans la Garde Républicaine. Au titre de la Première Guerre mondiale, Charles est Croix de Guerre, et médaille de Verdun.

Après-guerre, il accède en 1921 à des responsabilités administratives en vue auprès du secrétariat d’État au Commerce et aux Finances. Puis il poursuit une brillante carrière d’avocat. Il est engagé volontaire en 1939 et est démobilisé en août 1940.

 Il entre rapidement dans la résistance comme capitaine FFI, rejoignant ainsi un de ses oncles. Ses activités bénéficient en particulier aux réseaux de Paris et de Seine et Marne. Il appartient à un réseau baptisé « ceux de la Libération-groupe vengeance » et préside le Comité de Libération parfois mentionné comme le « comité d’épuration de Blandy ». Il reçoit la Légion d’Honneur le 10 juillet 1946, ainsi qu’une plaque sur sa tombe l’a longtemps rappelé. Charles JOUIN acquiert la maison Schobert en 1933 et y séjourne jusqu’à sa mort en 1979. Il est inhumé dans le cimetière de la commune.

 

Jean LUIGGI 1825 – 1910

Certificat de reconnaissance des services rendus par le docteur Luiggi

 

Le premier Blandynois à recevoir la Légion d’Honneur à titre civil est un médecin, né bien loin d’ici dans un hameau du nord de la Corse.

Jean LUIGGI est né le 9 février 1825 à Pioggiola (aujourd’hui 80 habitants !). Il s’installe médecin à Blandy où il se montre particulièrement actif et dévoué. Pendant plus de 23 ans, il exerce notamment auprès des plus démunis, à titre gratuit, pour le Bureau de bienfaisance de Blandy mais aussi ceux des communes environnantes, Fouju, Moisenay, Saint-Méry…

 Il participe de façon exceptionnelle à la généralisation de la vaccination procédant à plus de 6000 vaccinations (chiffre énorme pour l’époque), ce qui lui vaut la reconnaissance de « premier vaccinateur du département ». Son dévouement permet de combattre efficacement des épidémies de variole et de dysenterie qui sévissent dans le canton autour de 1870. Le rapport (reproduit ci-dessus) établi par la maire Henri Chertemps récapitule ses mérites.

Ses services aux populations de ce secteur lui valent de recevoir la Légion d’Honneur le 2 octobre 1870.

Il décède en 1901 à Chartrettes où il s’était retiré.

Marie-Alphonse CAILLEUX 1879 – 1956

Alphonse Cailleux, un maire longtemps réélu

 

Marie-Alphonse CAILLEUX est né le 22 novembre 1879 à Paris, où son père est commissaire-priseur ; bachelier, il devient cultivateur à Blandy, à la ferme de Chaunoy en 1909 ; son fils Édouard y nait en 1910. Il est conseiller municipal dès 1912, puis élu maire le 22 mars 1914. Il participe à la Grande Guerre de septembre 1914 à novembre 1918. Mais ce sont ses fonctions de maire de Blandy qui lui valent d’être honoré le 4 octobre 1949.

Pour recevoir sa décoration il demande au maire du Chatelet, Pierre BRUN, d’être son parrain. Le dossier pour la chancellerie, établi par le préfet de Seine-et-Marne, précise qu’il est réélu maire sans discontinuité pendant 35 ans, qu’il « a eu une conduite très correcte durant l’occupation » et que « âgé de 70 ans, il administre toujours avec compétence une commune où il a su s’attacher l’estime et la confiance de ses concitoyens ».

Il reste maire de la commune, toujours réélu jusqu’à sa mort, à Blandy le 20 novembre 1956. 

Philippe LAFFON de LADEBAT 1802 – 1875

La tombe d’Edmond Laffon-Ladebat

 

On peut également évoquer Philippe Edmond LAFFON de LADEBAT, né le 16 juin 1802 dans une illustre famille protestante du Sud-Ouest qui a fait fortune dans le commerce et outre-mer.  Chef d’un bureau de la préfecture de la Seine, membre d’un Consistoire protestant, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1869.

Il séjourne à Blandy chez sa fille Lucie Adèle, mariée avec le notaire de Blandy, François Joseph BEAUSSANT. Il y meurt le 6 décembre 1875 et est enterré au cimetière de Blandy avec son épouse. 

Raoul KOURILSKY 1899 – 1977

Raoul Kourilsky, membre de l’Académie de médecine et tout autant Blandynois

 

Né le19 juillet 1899 à Bombon, Raoul KOURILSKY est le fils de Mottel (Michel) Kourilsky, docteur en médecine, et d’Eugénie OUDART, Raoul commence sa carrière de médecin comme interne en 1921. Spécialisé en pneumologie et lutte contre la tuberculose, il mène une carrière brillante, devient professeur agrégé de la Faculté de médecine de Paris, ce qui lui vaut de recevoir la Légion d’Honneur en 1947. La décision du ministre de la Santé précise alors que « par sa science et ses connaissances médicales il participe au rayonnement de la France dans le monde » ; c’est le professeur LEMIERRE, membre de l’Académie de médecine et commandeur de la Légion d’Honneur qui lui remet les insignes le 4 mai 1947.

Il est élevé au rang d’officier de la légion d’honneur en 1952, désignant comme parrain le professeur BINET, doyen de la faculté de médecine. Il deviendra membre de l’Académie de médecine en 1963.

Raoul Kourilsky est également commandeur de l’Ordre du Mérite scientifique, mais aussi Croix de Guerre 1939-1945. N’ayant sans doute pas un caractère militaire, son action qui a permis de sauver les Blandynois otages de l’armée allemande en 1944 n’est pas répertoriée dans le dossier de la Grande Chancellerie. Il décède à Blandy le 22 septembre 1977.

À n’en pas douter, notre association Mémoires de Blandy s’emploiera à compléter ce panorama avec tous les Blandynois honorés depuis la deuxième moitié du XXe siècle.