Avant la Révolution, un Maître au service de la Paroisse
1695 et 1698
Ordonnances du roi Louis XIV, qui souhaite établir une école dans toutes les paroisses du royaume qui n’en ont pas, avec une imposition des habitants (une de plus !) pour assurer l’entretien des maîtres. Obligation scolaire pour les enfants âgés de 7 à 14 ans pour apprendre « à ceux qui pourraient en avoir besoin à lire, écrire et compter » mais aussi faite pour les instruire dans la foi catholique, l’école étant sous le contrôle du curé de la paroisse.
A Blandy, la présence d’un Maître est effective depuis déjà plusieurs dizaines d’années.
Pour devenir maître d’école dans une paroisse, le candidat doit fournir « un certificat de bonne vie et mœurs ». Sa nomination se fait lors d’une assemblée des habitants réunis au son de la cloche, après la messe, devant l’église.
Cette nomination doit recevoir l’accord du curé et fait l’objet d’un contrat signé, indiquant la durée de l’engagement, la rémunération, la possibilité ou non d’être logé et surtout les devoirs que le maître d’école aura envers la paroisse.
Si le Maître d’école s’occupe des garçons, l’instruction des filles est le plus souvent confiée à des religieuses, comme à Blandy. On ne se préoccupe guère des compétences pédagogiques et assez peu du niveau d’instruction des Maîtres.
Contrat entre le Maître et la Paroisse en 1788 (Combs-La-Ville) :
… Les classes commenceront à 8h par la prière pour se terminer à 11h par l’Angélus récité en Français et en Latin (1j/2). Les classes reprendront à 1h par des actes de foi, d’espérance et de charité et se termineront à 4h par la prière du soir.
Il devra montrer à lire, à écrire et à compter aux enfants qui iront à l’école.
Il devra former les enfants au plain-chant et leur faire le catéchisme dans l’église au moins 2 fois/semaine, le mercredi et le samedi. Les enfants seront répartis en groupes ou en « bandes ». Chaque bande aura le même livre afin de suivre des yeux la lecture de celui qui est interrogé. Chaque enfant devra lire lors de chaque classe.
Le maître tiendra un catalogue des présences et veillera avec M le curé, aux motifs des absences. Il pourra se rendre dans les familles pour s’enquérir des motifs de ces absences.
Les classes devront avoir lieu dans le silence, la retenue et l’application.
Les punitions et les récompenses « devront être administrées dans un esprit de charité » :
Pour les « fautes ordinaires », il pourra faire mettre les enfants à genoux et en cas de fautes répétées, employer la férule ou les verges, mais il lui est interdit de frapper les enfants à la tête ou de les gifler. En toute dernière extrémité, il pourra donner le fouet, hors la présence des autres enfants, après la classe.
Il accordera une demi-journée de repos par semaine aux enfants sauf s’il y a une fête cette semaine-là. Les grandes vacances auront lieu en accord avec les nécessités agricoles au moment de la perception de la dîme des grains.
Le maître d’école assurera également la fonction de sonneur lors des événements religieux, de fossoyeur, de chantre lors des enterrements, de clerc et signera les actes, ces services étant rémunérés en plus de son salaire fixé par la fabrique (150 Livres). Il faut aussi y ajouter le montant de la participation financière fixée par la Fabrique pour les familles les plus pauvres, celles qui le sont un peu moins pouvant, si elles le désirent, augmenter ces montants soit : 6 sols pour les enfants qui apprennent les lettres et les épellent, 8 sols pour ceux qui lisent le Latin, 10 sols pour ceux qui lisent le Latin et le Français, 12 sols pour ceux qui lisent et écrivent, 15 sols pour ceux qui apprennent aussi l’Arithmétique.
Pour améliorer ces revenus insuffisants, le Maître pourra exercer un autre métier (cas fréquent) en dehors de ses obligations et donner des cours particuliers.
L’absentéisme, dans les écoles de l’Ancien Régime, était très fréquent car les familles avaient souvent besoin de la main d’œuvre que représentaient les enfants et de l’argent économisé en ne les envoyant pas à l’école. D’où la forte proportion d’illettrés à la veille de la Révolution.
à la veille de la Révolution
A Blandy, à la veille de la Révolution, le Maître d’école touchait 300 Livres par an et l’école était gratuite pour tous, filles et garçons. Les deux Sœurs (l’une chargée des soins aux plus pauvres de la paroisse et la seconde d’instruire les jeunes filles pauvres à « lire, écrire et travailler ») touchaient également 300 Livres par an mais pour deux personnes ! Ces salaires étaient versés en 3 ou 4 fois. Les deux écoles comptaient alors entre 70 et 80 élèves.
Pendant la Révolution
Pendant la Révolution, les difficultés financières conduisent les responsables de la commune à demander une contribution financière aux familles dites aisées, les plus modestes désignées par le Bureau de bienfaisance continuant à bénéficier de l’école gratuite ; mais certaines familles non inscrites sur cette liste refusent de payer les mois d’école de leurs enfants. L’ex-Sœur chargée de l’enseignement est contrainte de quitter Blandy, faute de moyens.
En 1806, lors d’une réunion de l’agence communale de bienfaisance, « le sieur GAUTIER est engagé à commencer ses classes à 8h, la seconde à 1h et à sortir à 4h. Qu’en sortant, il conduise tous les enfants à l’église et que là, il leur fasse faire la prière du soir, chanter le salut comme il se pratiquait anciennement.
Le Bureau prie M le Curé de bien vouloir aller de temps en temps à la classe pour surveiller l’instruction qu’il doit donner aux enfants pauvres qui lui seront désignés. Sa présence au surplus ne pouvant faire que beaucoup de bien aux autres enfants qu’il exhortera à la soumission au maître et à l’application de leurs devoirs ».
Le Maître d’école au XIXème siècle, de grands changements
C’est pendant la Révolution que le terme d’instituteur se généralise dans les documents officiels pour désigner le maître d’école. Tout au long du XIXème siècle, des lois vont peu à peu transformer l’Instruction publique.
Les instituteurs seront formés à partir de 1833 dans les écoles normales ouvertes dans chaque département. En Seine et Marne en 1833 pour les instituteurs mais en 1880 pour les institutrices !
Les communes vont devoir construire des écoles répondant à des critères établis par l’Administration, le travail des Maîtres va être évalué par le biais des inspections, les programmes scolaires élargis à de nouvelles matières comme l’Histoire et la Géographie… tout en restant cependant largement sous le contrôle de l’Église.
À partir de 1881, les Lois Jules FERRY consacreront l’enseignement public gratuit et obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans mais elles susciteront aussi, bien des remous. Blandy connaîtra des tensions, relatées dans plusieurs articles de la presse de l’époque. Le salaire des instituteurs restera à la charge de la commune jusqu’en 1889 où ceux-ci sont pris en charge par l’État.
Blandy : quelques données quantitatives et qualitatives
En 1833, en tant que notable le baron SCHOBERT est nommé membre du Comité local de surveillance pour l’Instruction primaire dont le maire et le curé sont membres de droit.
En 1834, l’école de garçons tenue par François Félix LAMBERT, ancien militaire, compte 40 à 45 élèves en hiver et entre 25 et 30 en été. 30 enfants paient la rétribution scolaire et 5 enfants du village ne reçoivent aucune instruction. Le traitement fixe de l’instituteur est de 200 F + 250 F de rétribution scolaire payée par les familles.
En 1881, M. PLARD accueille 40 élèves dans sa classe, 28 en 1883 et 26 en 1885. Son salaire est alors de 1 600 F dont 50 F pour les cours qu’il dispense aux adultes et 250 F pour le travail de secrétariat de mairie.
En 1892, son successeur, M LELONG en accueille 25, en 1893 27, en 1894 21, et seulement 17 en 1900, 1901, et 1903.
M LELONG est apprécié par sa hiérarchie qui constate son expérience et son dévouement. Rapport de l’inspecteur :
« … élèves éveillés, à l’esprit assez ouvert, habitués à parler et qui font des progrès ».
Son salaire en 1897 est de 1 500 F de traitement garanti + 200 F de gratifications + 85 F pour les cours d’adultes + 300 F de secrétariat de mairie + 300 F de produits divers soit 2 385 F.
Le local où se tient la classe est considéré comme convenable, le mobilier en bon état et le logement de 5 pièces de l’instituteur également qualifié de « bon ».
En 1903, Melle PLEUCHOT, institutrice titulaire de la classe enfantine, a une classe de 27 élèves et son salaire est de 1 000 F. L’inspecteur note dans son rapport que :
« les enfants sont propres, bien disciplinés, l’enseignement de cette maîtresse est bien préparé et donné avec entrain ».