L’animation d’un cabaret passée dans l’histoire locale
Au début du 18ème siècle, l’hostellerie « de la rue de la fontaine au château » est prospère avec ses bâtiments de logis couverts de tuiles, sa cour intérieure, son jardin, sa porte cochère sur la rue, son nouvel hangar couvert de chaumes. En arrière de son jardin, elle jouxte le jardin du château, celui beaucoup plus grande « son altesse sérénissime Madame la Duchesse de Nemours ».
Un bien immobilier plus vaste qu’il n’y parait
En 1704, la veuve propriétaire, Claude Coulon, sur ses deniers jours, « gisant sur son lit de malade dans la cuisine de l’auberge mais de bon propos, mémoire et entendement » fait acter par Maitre Boutillier, le tabellion-notaire de Blandy, la vente de son bien à bon prix. La vente prend la forme d’un transfert de rente, ce qui est habituel à l’époque. L’acquéreur est Sébastien Fromentin époux de Michelle Lescuyer, un fermier demeurant à l’Eguillon, un hameau de cette paroisse.
L’auberge va connaitre de nombreux cabaretiers locataires, qui tiendront la dragée haute à l’auberge du Cygne installée dans la Grande Rue, la grande concurrente. Le Dauphin est devenu un lieu où l’on peut allègrement jouer aux cartes, ce qui manifestement peut susciter des critiques.
L’animation d’un cabaret à succès
Ainsi en 1726, le cabaretier d’alors, Jacques Auxerre, se voit contraint d’accompagner chez le notaire l’un de ses clients, Louis Debussy, cordonnier de Mormant. Il s’agit de porter plainte devant la justice royale.
En effet, la veille au soir « des soldats suisses ont forcé ledit Debussy à jouer aux cartes au jeu (de) la triomphe, ce que le plaignant a été obligé de faire pour éviter… Il a remarqué qu’un des suisses qui ne jouait pas le trompait ouvertement en donnant son jeu.
Et (la partie finie) il s’est trouvé que ledit Debussy perdait 340 Livres. Ne pouvant leur donner que 12 Livres… lesdits suisses lui ont extorqué trois promesses écrites de 106 Livres à l’ordre du caporal des trois suisses qui avaient participé à la partie… ».
Un litige qui n’a pas empêché, quelques années plus tard, l’un des officiers des gardes suisses des Tuileries, Jean Decrin, d’acheter sa résidence de campagne à Blandy (les Quatre Tilleuls dans l’actuelle rue Saint Martin).
A l’évidence, ce type d’incidents étaient plutôt fréquent. Aussi les cabarets de la paroisse font périodiquement l’objet d’enquêtes du « procureur fiscal de ce bailliage et chastellenie de Blandy« . En effet … » il y a dans le bailliage, plusieurs cabarets qui donnent à boire et à manger, non seulement les fêtes et dimanches pendant le service divin, mais encore (…) de jour et de nuit à des heures indues … ».
En bref l’ambiance de l’auberge était fort animée, mais pas toujours selon les canons de l’époque.